Sauvons notre patrimoine

 

Au fil des ans, plusieurs initiatives, luttes et représentations citoyennes ont été déterminantes
pour la sauvegarde du patrimoine du Plateau-Mont-Royal.

Voici quelques dossiers marquants qui ont porté fruits :

Cinéma Rialto

5711-5723, avenue du Parc

En vertu d’un amendement à la Loi sur les biens culturels qui permettait de protéger des édifices, la Ville d’Outremont a préservé le théâtre Outremont en 1987 en lui donnant le statut de « monument historique cité ». La Ville de Montréal emboîta le pas avec le cinéma Rialto et le Regent Theatre en 1988.

Cinéma Rialto

« Cinéma Rialto » (2017).
Gaétan Sauriol.
Montréal : Archives de la Société d’histoire du Plateau-Mont-Royal.

Cet établissement de divertissement de style Beaux-Arts a été érigé en 1923. Le cinéma Rialto présente un grand intérêt patrimonial car il est représentatif des palaces cinématographiques érigés entre 1915 et 1930, comme en témoignent la richesse de l’architecture extérieure et la décoration intérieure. Le Comité des citoyens du Mile-End a joué un rôle clé vers la fin des années 1980 pour assurer la protection de l’édifice. Le bâtiment est aujourd’hui protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par les statuts suivants :

  • Immeuble patrimonial classé – anciennement un monument historique classé (1990-05-07) (juridiction provinciale)
  • Immeuble patrimonial cité – anciennement un monument historique cité (1988-02-29) (juridiction municipale)

Le bâtiment est aussi identifié, au niveau municipal, comme « immeuble de valeur patrimoniale exceptionnelle » étant « situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle ».

Il a été désigné « Lieu historique par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada » en 1993.
Le cinéma Rialto, appartenant aujourd’hui à Ezio Carosiellia, a bénéficié d’une restauration majeure et a gardé sa vocation culturelle.

Église de l’Ascension

5434, avenue du Parc

L’église anglicane de l’Ascension a été achetée par la Ville de Montréal en 1992 afin d’être transformée en bibliothèque. Celle-ci a été inaugurée en 1993. Elle s’appelait alors : Bibliothèque du Mile-End.

Église de l’Ascension

« Église de l’Ascension » (2017).
Gaétan Sauriol.
Montréal : Archives de la Société d’histoire du Plateau-Mont-Royal.

Affiche de l'exposition Souvenirs de notre quartier au XIXe siècle

« Affiche de l’exposition Souvenirs de notre quartier au XIXe siècle » (1993).
Cote : P0010,S03,P002.
Collection : Fonds Société Mile-End pour l’histoire et la culture.
Montréal : Archives de la Société d’histoire du Plateau-Mont-Royal.

C’est grâce à l’initiative de Kevin Cohalan et au soutien du Comité des citoyens du Mile-End, mobilisés pour défendre le caractère unique de leur quartier, sa diversité culturelle et préserver des édifices à caractère historique, que le projet de bibliothèque a été concrétisé.
 
Lors de la transformation de l’édifice, les éléments architecturaux ont en grande partie été préservés. La bibliothèque fait aujourd’hui partie de la vie communautaire du quartier. L’affiche ci-contre, provenant du fonds d’archives de la Société Mile-End pour l’histoire et la culture, témoigne d’une exposition intitulée Souvenirs de notre quartier au XIXe siècle, présentée lors l’inauguration de la bibliothèque. Les membres de cette société d’histoire parmi les précurseurs des actuels organismes la Société d’histoire du Plateau-Mont-Royal ainsi que Mémoire du Mile End, avaient organisé cette exposition afin de resituer l’héritage du quartier dans son contexte historique.
Le 12 mars 2015, la bibliothèque a été renommée Bibliothèque Mordecai-Richler en hommage à l’auteur de renommée internationale qui habitait le quartier.

Retour des anges à l’Église Saint-Enfant-Jésus du Mile-End

5039, rue Saint-Dominique

La réinstallation des statues d’anges de l’artiste-sculpteur Olindo Gratton sur la façade de l’église Saint-Enfant-Jésus du Mile-End s’est achevée le vendredi 12 juin 2015, date mémorable. Les statues avaient été retirées en 1978 à cause de leur grand état de détérioration. Les photos ci-dessous, prises en 1976, provenant de la collection Angelo Roy, en témoignent. La réalisation finale du projet s’est échelonnée sur près de sept ans! Le projet de restauration a été réalisé grâce à un partenariat entre la Société d’histoire du Plateau-Mont-Royal et la paroisse Saint-Enfant-Jésus du Mile-End. Les coûts de 90 000 $ ont été subventionné à 70 % par le Conseil du patrimoine religieux du Québec. Les paroissiens ont recueilli près de 10 000 $, la Caisse Desjardins des Versants du Mont-Royal a remis une contribution de 5 000 $ et une fondation anonyme 10 000 $. La restauration a été réalisée par le Centre de conservation du Québec.
La réinstallation des sculptures sur la façade de l’église patrimoniale de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End a été retardée pour une bonne cause : les statues restaurées ont été présentées au Musée Pointe-à-Callière dans le cadre de l’exposition Vies de Plateau (23 octobre 2013 au 4 janvier 2015). Il est possible d’ailleurs de voir le détail les statues restaurées sur le site du Musée Pointe-à-Callière à Vies de Plateau.

 

D’autres initiatives ont été réalisées avec succès dont la préservation de l’Académie Marie-Rose, qui fait maintenant partie du Site patrimonial de l’Église Saint-Jean-Baptiste, ou le Carmel de Montréal menacé de déménagement, classé monument historique en 2016.
 

 

Des dossiers sont actuellement en cours :

 

Hôtel-Dieu de Montréal

201, avenue des Pins (musée)

L’avenir de l’Hôtel-Dieu de Montréal était déjà sur la sellette en 1992 : les autorités voulaient alors relocaliser cet hôpital à Rivière-des-Prairies. Avec la construction du nouveau Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) dont l’Hôtel-Dieu fait partie, et le déménagement en 2017 des patients dans le nouvel édifice, ce vaste ensemble patrimonial est de nouveau menacé.

Un patrimoine de grande valeur

L’Hôtel-Dieu fait partie du Site patrimonial du Mont-Royal. L’institution est le plus ancien hôpital de Montréal. Constitué en 1644, celui-ci était sous la gouverne de Jeanne Mance, co-fondatrice de Montréal. Le premier Hôtel-Dieu était situé sur la rue Saint-Paul, dans ce qui est aujourd’hui le Vieux-Montréal. L’édifice principal du site actuel, construit entre 1859 et 1861, est conçu par Victor Bourgeau, architecte réputé et très actif au sein du diocèse de Montréal. Avec les années, pour répondre aux besoins, l’hôpital a connu plusieurs agrandissements.

Quel avenir pour l’Hôtel-Dieu?

  • Sur le plan ci-contre adapté par la SHP d’un document de Rayside Labossière architectes, la partie ouest, en bleu, correspond aux espaces occupés par les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph à qui appartenait initialement l’ensemble du site. La partie située à l’est, en orangé, appartient au CHUM.
  • L’ensemble conventuel à l’ouest, soit la maison-mère des religieuses, incluant les chapelles, le jardin et le verger, le musée et autres bâtiments a été acheté par la Ville de Montréal afin de le protéger et de le mettre en valeur. Un centre d’archives de communautés religieuses y serait notamment aménagé.
  • Des services médicaux continueront d’être dispensés dans la partie appartenant au CHUM jusqu’en 2021. Mais après? Divers groupes sont impliqués quant à l’avenir de l’Hôtel-Dieu. Parmi ceux-ci, la corporation de développement communautaire Action Solidarité Grand Plateau, un regroupement d’organismes dont la SHP fait partie, propose la conception d’un projet au bénéfice de la collectivité montréalaise, projet comprenant un volet santé et services sociaux, un volet résidentiel à vocation sociale ainsi qu’un volet économique, culturel et communautaire.

Une vocation sociale à préserver…

Sources :
– Bulletin L’Hôtel-Dieu de Montréal : notre patrimoine menacé
– Hôtel-Dieu de Montréal. Le site officiel du Mont-Royal
– Montréal va acquérir le site des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph. SRC , 16 mai 2016
– Site de l’Hôtel-Dieu : Étude du potentiel de redéveloppement (Février 2013)
– Position de la CDC Action Solidaire Grand Plateau sur l’avenir du site de l’Hôtel-Dieu (Février 2014)

Institution des Sourdes-Muettes

3725, rue Saint-Denis

Cette œuvre des Sœurs de la Providence a débuté dans la petite école Providence Saint-Isidore en 1849 – officiellement en 1851. De 1858 à 1864, elle s’établit à l’Hospice Saint-Joseph. En  1864 , elle emménagea dans un nouvel l’édifice sur la rue Saint-Denis nommé l’Institution des Sourdes-Muettes (ISM), où elle fut active jusqu’en 1978.

Un patrimoine de grande valeur

L’ISM a été la première maison pour l’usage exclusif des filles sourdes au Canada. Les religieuses y ont accompli une grande œuvre d’éducation spécialisée, utilisant des méthodes adaptées pour la formation des jeunes filles, leur offrant ainsi la possibilité d’un avenir professionnel épanouissant. Avec les changements du système d’éducation au Québec, 1976 fut la dernière année où l’ISM a formé des jeunes filles. En 1979, l’édifice a été vendu à la Corporation d’hébergement du Québec. Concernant l’architecture, l’édifice est identifié, au niveau municipal, comme un « immeuble de valeur patrimoniale exceptionnelle, … situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle ».

Quel avenir pour l’Institution?

Après la vente de l’édifice en 1979, certains services pour les sourds y sont maintenus. L’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, maintenant dissoute, y aménage jusqu’en 2015. La même année, l’ensemble des bâtiments a été mis en vente par le Gouvernement du Québec. Devant la menace de démolition ou de transformation de l’édifice à des usages ne respectant pas l’architecture intérieure et extérieure, la SHP a entrepris des démarches auprès du Gouvernement du Québec afin d’obtenir le classement de l’édifice. À l’automne 2016, une première demande a été adressée à Luc Fortin, ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la protection et promotion de la langue française, alors en poste. Cette première demande a été refusée. Une deuxième lettre a reçu une réponse identique du ministre en mars 2017 : « … il s’avère que cet intérêt se situe à l’échelle locale et non nationale ». Pourtant, les archives des Sœurs de la Providence révèlent bien que l’Institution des Sourdes-Muettes avait un grand rayonnement, accueillant des fillettes de tout le Québec, du Canada et même des États-Unis. La demande de classement obtient le soutien du maire de l’Arrondissement, Luc Ferrandez et de Manon Massé, députée de Sainte-Marie – Saint-Jacques, qui tous deux en témoignent lors d’une soirée spéciale, le 21 juin 2017, dans la chapelle de l’ancienne institution. Cette cérémonie, empreinte d’émotion, fut une occasion de rassemblement, d’échanges et de témoignages d’anciennes élèves, de religieuses, d’intervenants. Plusieurs organismes et intervenants appuient l’importance de l’initiative. Cette occasion a aussi été celle du lancement du bulletin spécial sur l’Institution des Sourdes-Muettes, le plus important bulletin publié par la SHP jusqu’à maintenant.

La SHP poursuit ses démarches afin d’obtenir la reconnaissance d’une œuvre sans pareille.

Sources :
Bulletin L’Institution des Sourdes-Muettes : une œuvre nationale
– Institut des Sourdes-muettes[sic]. Grand répertoire du patrimoine bâti de Montréal.

 

Institution des Sourdes-Muettes

Une plaque historique est installée devant la façade de l’ancienne Institution des Sourdes-Muettes.
Pour lire le texte de la plaque cliquez sur son image …
Le jardin des merveilles au parc La Fontaine