L’épicerie du coin
La photo ci-dessous, datant de 1925, donne peu d’indices quant à la localisation du même commerce. La « surimpression » d’image rend d’ailleurs la photo floue.
Une recherche par rue et par adresse dans l’édition de 1924-1925 nous indique que l’épicerie était alors située au 264, rue Garnier. Cependant, l’annuaire de 1925-1926, nous indique que le commerce était situé au 4510, rue Garnier.
En 1924, on inaugure une nouvelle numérotation des édifices de Montréal.
L’objectif est d’uniformiser les numéros et d’établir un système prévoyant le développement urbain pour limiter les modifications futures.
C’est ainsi que la numérotation actuelle est conceptualisée et appliquée quartier par quartier, jusqu’en 1931. Dorénavant, la numérotation des rues parallèles au boulevard Saint-Laurent a pour point d’origine le fleuve Saint-Laurent. Les numéros s’échelonnent donc du sud vers le nord. De plus, il est statué que les nombres pairs sont attribués aux édifices situés sur les côtés ouest et sud des rues tandis que les nombres impairs sont réservés pour ceux des côtés est et nord.
*Source : http://archivesdemontreal.com/2013/11/08/faq-changements-noms-de-rues-et-les-numerotation-des-immeubles/
L’épicerie L. Boisvert au fil du temps
L’épicerie a vécu certaines transformations au fil des ans dont témoignent les photos précédentes notamment au niveau de l’affichage :
- Sur la photo de 1925, le nom commercial apparaissant dans la vitrine est en anglais :
L. BOISVERT GROCER. - Sur la photo de 1958, le nom commercial sur l’enseigne est affiché entièrement en français :
L BOISVERT – EPICIER LICENCIE
Nous ne savons pas en quelle année ce changement a été fait. Mais il peut témoigner d’une évolution quant à la place du français dans la société, assurément aux yeux du propriétaire de l’épicerie. En effet, ce n’est qu’en 1974 que le français devient la langue officielle du Québec et, qu’en 1977, trois ans plus tard, que la loi 101 imposant l’usage exclusif du français dans l’affichage est adoptée. Des modifications ont depuis été apportées à la loi et cette question est encore d’actualité. Les locaux ont été rénovés au cours des années. Est-ce une rénovation ou un anniversaire que soulignent les photos suivantes prises en 1958? Le personnel de l’épicerie pose devant le commerce et on y voit des arrangements floraux qui décorent la vitrine.
Quoiqu’il en soit, nous savons qu’il y a eu une épicerie dans ces locaux de 1915 à 1968, soit pendant 53 ans, dont au moins 48 ans au sein de la famille Boisvert.
Ce type de commerce, à cause de la superficie du local, son offre de produits et son emplacement, souvent sur un coin de rue, était populaire auprès de la clientèle. Gabriel Deschambault, résident du Plateau, nous parle de son épicerie :
Témoignage de Gabriel Deschambault
Notre famille avait bien sûr son épicier attitré et je vais tenter de vous en décrire le local. L’épicerie A. Ouellet, sise au 1034, avenue du Mont-Royal Est, se compose d’un espace dont les murs latéraux sont occupés par les tablettes de « cannages » et de produits secs (céréales, biscuits, pâtes et légumineuses sèches). Les conserves les plus populaires sont accessibles aux clientes et les autres doivent être descendues à l’aide d’une pince, au bout d’un long manche, manipulée par un commis. L’espace à gauche est occupé par la caisse et un frigo vitré où l’on voit les viandes (essentiellement du bœuf, du porc) et les charcuteries disponibles (ici, comprendre jambon cuit et «baloney»). Au fond, il y a le grand frigo, avec sa grosse porte de bois, où sont entreposées les grandes pièces de viande. Le boucher est à côté, avec son bloc à découper et ses divers hachoirs. Les fruits et légumes sont réduits à leur plus simple expression et exposés dans la vitrine et dans quelques présentoirs en avant. On voit des pommes de terre, des carottes, du chou, du navet, du céleri, des tomates et peut-être de la laitue «iceberg». Les fruits se résument aux pommes, bananes, oranges et pamplemousses en saison. Il ne faut surtout pas oublier la bière et le porter, denrées essentielles «pour contenter les maris» et pour arrondir les revenus de l’épicerie.
Dans un bulletin publié par la Société d’histoire du Plateau-Mont-Royal, Le Plateau gourmand, plusieurs articles traitent de la façon de se procurer les denrées nécessaires à la vie quotidienne : « Le marché Saint-Jean-Baptiste (1870-1966) », « L’Ancêtre du dépanneur », « L’Épicerie du coin de la rue » et « On allait faire son Steinberg ».